Daniel H. Dugas is a poet, musician, and videographer. He has participated in solo and group exhibitions as well as festivals and literary events in North America, Europe, Mexico and Australia. His thirteenth book of poetry, 'émoji, etc.' / 'emoji, etc.' has been published by the Éditions Basic Bruegel Editions.

Artiste numérique, poète et musicien, Daniel H. Dugas a participé à des expositions individuelles et de groupe ainsi qu’à plusieurs festivals et événements de poésie en Amérique du Nord, en Europe, au Mexique et en Australie. Son treizième recueil de poésie « émoji, etc. » / « emoji, etc. » vient de paraître aux Éditions Basic Bruegel.

Le présent est le milieu de tous les tunnels

En regardant ma trajectoire dans les arts, je constate qu’il a toujours été question pour moi de lumière. De faire la lumière, de comprendre ce qui se passe autour de moi, de témoigner de l’état du monde dans lequel je vis. J’ai toujours eu l’impression qu’il s’agissait d’une performance; je tiens une lampe de poche et je m’avance dans la nuit, voilà. Dans la pénombre, il y a certes des risques, mais j’ai toujours cru dans l’aventure. En fait, je me demande maintenant si le danger n’a pas eu sur moi l’effet contraire, au lieu de me repousser, il a piqué ma curiosité. Cette motivation d’aller de l’avant, de courir vers la lumière je l’ai encore, mais quelquefois je me retourne et je vois que la lumière à l’entrée du tunnel est toujours visible, et je vois que la lumière à la sortie du tunnel miroite elle aussi. On dirait que je suis au milieu d’un long passage où il ne fait jamais plus clair, jamais plus sombre. Est-ce que le passage lui-même se serait étendu en longueur durant mon voyage ? Suis-je en train de faire du surplace ? Depuis combien de temps ? Tout a changé et pourtant tout est pareil.

Et dans l’éternel temps présent du tunnel, je pense à l'École nationale des furets à Ashover en Angleterre. J’ai lu qu’on entraîne ces petits animaux à tirer des câbles dans des espaces trop étroits pour être franchis par des êtres humains. Il suffit, disent-ils, d’exploiter leur penchant naturel pour aller voir ce qu’il y a de l’autre côté.

Je tiens une lampe de poche et je m’avance dans la nuit comme dans une performance de furet, mais je ne tire aucun câble. Je vois une lumière scintiller et je vais dans sa direction.

DHD
Le 9 juin 2024

The Present is the Middle of All Tunnels

Looking back over my career in the arts, I see that it has always been about light. To shed light, understand what's happening around me, and to bear witness to the world in which I live. I've always felt that it was a performance; I hold a flashlight and step out into the night, that's it. In the dark, there are risks, but I've always believed in the adventure. It might have been the risks that attracted me. But sometimes, I turn around and see that the light at the entrance to the tunnel is still visible, and I see that the light at the exit from the tunnel is also shimmering. It's as if I'm in the middle of a long passage where it never gets either brighter or darker. I have to wonder if the passage itself has expanded in length during my travels? Am I treading water? How long has it been? Everything has changed, and yet, everything is the same.

And in the eternal present time of the tunnel, I think of the National Ferret School in Ashover, England. I read that they train these animals to pull cables through spaces too small for human beings to pass. The handlers say that all it takes, is to exploit the natural inclination of ferrets to see what's on the other side.

I hold up a flashlight and step out into the night like a performing ferret, but I am not pulling any cable. I see a flickering light and head in its direction.

DHD
June 9, 2024